Cyrrhus le Fou

Le Grand Sommeil de Ceux-là. Ceux-là en Orient, après avoir été libéré de l'emprise de Fel se sont repentis et se sont mis au service d'Isalya. Ils ont batis son temple sur la colline sur laquelle les félidés et la dernière armée d'orient se sont affrontés. Puis ensuite, ils ont fondé la communauté de Huru'dal destinée à l'entretien de ce temple et à rassembler tous les égarés d'Orient (Diaspora félidée). Avec le temps, ils furent "pris" d'un mal étrange qu'on appelle Grand Sommeil de Ceux-là : ils se mettent à perdre tout intérêt pour la vie, se mettent à errer gentiment et finissent par s'endormir ... rare sont ceux qui sortent de ce sommeil. On en sait peu de choses, la GC un peu plus que la moyenne : Ceux-là prétendent qu'ils se rendent dans le Royaume d'Ershal afin de servir Isalya.
(De fait tu as vu qu'effectivement les âmes de Ceux-là étaient dans le Royaume et qu'ils se dirigeaient en direction des phares autour de la PNE dans lesquels ils disparaissaient).

Ceux qui s'intéressent au passé dans la GC cherchent à en savoir plus sur lui en ce qui concerne ses vies d'avant : avant lorsqu'il était félidé au service de Fel lui-même et de celle d'avant (au cas où il serait effectivement CELUI-LA, autrement appelé CELUI-QUI-ACHEVE). çà peut concerner la pnj Celle-là (son nom m'échappe sur l'instant).
Pourquoi la GC cherche cette information : ce n'est pas simple curiosité. Chaque Elu de l'Un (des 121) devient Celui-là (le leader) à son tour jusqu'à ce que le dernier le soit devenu. Chacun de Ceux-là qui meurt se voit remplacé par un autre. Mais l'un d'entre eux a "trahi" et quitté le groupe, pour autant il n'a pas été remplacé. Ainsi tôt ou tard s'il ne revient pas...un souci va se poser, car Ceux-là n'auront plus de leader et la GC anticipe sur le retour éventuel d'un suppôt de Fel qui se mettrait à la tête de la Garde Impériale...

Cyrrhus entend de loin le groupe arriver. Il faut dire que dans le silence sacré du temple, le tumulte et les éclats de fureur sont choses nouvelles. Rares furent les fois où la Paix d'Isalya avait pu être bafouée... une seule en vérité. Une période bien sombre que celle où les ténèbres avaient envahies le temple. Bien moins cependant que celle qui venait.
Isalya avait lutté, longtemps, bien plus que de raison peut-être même, mais l'heure était venue pour elle à son tour de se retirer : les heures de l'Orient touchaient à leur fin, il n'y aurait plus d'âme ici à sauver.
Ceux-là seront de son dernier voyage. Et après ? Nul ne le savait, ni Calinde, la bien-aimée, ni même Isalya, la bien-aimante. Il avait si longuement prié, si longtemps voyagé.
Il soupira et marmonna :
" Qu'y puis-je. Je ne suis qu'un vieux fou maintenant, le chemin parcouru est bien plus long que celui qu'il me reste à parcourir..."
Il est pris d'un léger ricanement qui fait tressauter sa grande et vieille carcasse blanche. C'est alors que les visiteurs l'aperçoivent. Ils sont nombreux à venir d'un seul coup. Il en est surpris, un instant. Tous des vivants, en quête du Royaume. La plupart sont jeunes et plein d'entrain prêt à en découdre avec le monde et bien plus encore..avec le Néant.
Il a vu la rouge étoile et connait le sens de la Prophétie. Ceux-ci viennent s'offrir en dernier sacrifice.
- Celà suffira-t-il ?, grogne-t-il dans sa langue. Les oreilles basses, il a un rictus, comme une moue septique, qu'un de Ceux-là immédiatement traduirait par du désappointement.
Puis il s'adresse aux venus d'occident, essayant de leur faire bon accueil entre deux pensées longuement ruminées. Il les invite à boire, à manger, mais ils sont pressés... les jeunes le sont toujours ne peut-il s'empêcher de penser.
Alors il leur propose de s'allonger et de prendre le repos qu'il faut. Certains résistent ..un peu, d'autres plus ardemment. Comment blâmer l'ignorant ? Mieux vaut laisser chose se faire. Il se met donc à annoner, patiemment. Il sait que tous finiront par trouver la paix dans l'Harmonie trouvée par son Chant.
Ils sont différents des autres, à l'image du Chaos qui se repand lentement sur l'Orient, le groupe est fait de brique ...et de Broc. Cette idée le fait glousser à nouveau. Les uns auront leur place au Royaume assurément, ils sont des peuples élus des Arcanes et ne portent nulle trace de la Souillure. D'autres portent le sang des dragons et pour eux les portes en d'autres temps seraient restées fermées. En d'autres temps oui, mais à présent...qu'importe à l'heure où le vent l'emporte. Il seront du voyage : la bien-aimante en avait accueilli d'autres depuis longtemps...
Jamais quiconque qui n'apporta la stridence... enfin à l'exception de...Marius. Alors pourquoi pas celui-ci..oui après tout, femmes et hommes devenus dieux ne connaissent eux non plus tous les desseins....
Tous à présent sont endormis et entrent dans le monde des rêvants. Là, ils les attendent et ils peuvent observer le changement, Bien plus grand qu'avant, deux grandes ailes noires pendant le long de ses grands bras. Le bec doré et luisant. Il est pourtant le même.. mais autrement. Eux aussi ont changé, ce ne sont que nuances encore, les nouveaux rêvants ne maîtrisent jamais si bien leur apparence. Ils apprendront, ou plutôt non, ils n'en auront pas le temps. Toujours pressés, toujours à courir croyant la mort aux trousses, alors qu'elle est droit devant.
Il les invite à grimper sur son dos, un à un sur sa longue échine, puis battant des bras et des ailes, il bondit au travers des étages du temple jusqu'à son sommet où il prend appui pour s'élever dans la tourmente, reprenant son Chant alors audible et compréhensible aux âmes qui l'accompagnent.

(...)

"Entre espace et éthers se niche mon aire
Tout au bout du long pont d'albâtre et de verre.

Je suis Cyrrhus le fou, du Royaume le passeur.
Je suis à Ceux-là, des deux mondes l'Arpenteur.
En maints endroits la longue errance m'entraina
Des 3 grands fleuves aux terres bénies d'Isalya
Mon sillon se trace du ventre creux, d'Arkalym
Aux blanches plaines d'Ershal toujours plus pleine
Des âmes de celles et ceux qui, ici, s'animent
A Beryal d'autant plus vide, Ô sombre abîme
Des flammes de ceux et celles qui, là, s'éteignent
Brûlant dernier souffle. souffrant ultime peine.

Viens à moi Ô pélerin, n'aies crainte, viens à moi
Peut-être auras-tu faim ou bien encore froid
Viens à moi Ô Egaré, retrouves-toi
Isalya t'offre chaleur et bon repas.

Mon visage se devine, Ô pâle nuage
Si haut dans le ciel sous la lueur blonde
Foulant de mes serres la grande terre ronde
Ici, je suis l'ermite au si blanc pelage.
Parcourant les airs au travers de cet âge
De mon regard, je quête l'étoile rubiconde
L'Astre Ardent, prophète de la fin du monde.
Là-bas je suis le Dhubh, druide au noir plumage
Et je déploie mes ailes pour le dernier voyage
Qui t'entrainera loin de la moribonde.

Viens à moi qui entends ta plainte, viens à moi
Peut-être le coeur encore empli d'effroi
Viens à moi Ô Effaré, ressaisis-toi
Icelle est douceur à l'heure du trépas.

(...)

Il poursuit son Chant qui se se perd dans le vent violent et le fracas du tonnerre...
Les nuages grondent dans un ciel d'épouvante et vous voyez encore quelques instant le Temple subissant l'assaut des vagues difformes, de lames informes qui lascèrent la roche et les murs du Saint Temple.
Bientôt, chacun le ressent, ce sera la fin, la fin d'un temps, la fin d'un symbôle qui aura survécu à tous les outrages, ceux du fiel, ceux du temps.
Bientôt il ne restera plus rien des vestiges de l'Orient. A l'ouest dans la brume se dresse la montagne à l'est il n'y a déjà plus rien, plus rien d'autre que cet étrange et fascinant océan en perpétuels mouvements.
Cyrrhus s'élève et traverse les nuages noirs, seulement illuminés par les éclairs qu'il esquive sans mal, qu'ils le suivent ou le précèdent. Puis apparaît le ciel lumineux et austère, l'air y est violent et glacé. Au loin la lueur du soleil au couchant qui cède lentement la place à la lune, toujours si ronde, toujours si blanche. Il a fait ce voyage des milliers et encore des milliers de fois et pourtant, à chacune d'entre elle, il connu à nouveau cet émerveillement de voir au millieu du ciel, le soleil s'éteindre pour la nuit éternelle, voir disparaître à l'horizon la courbure toujours plus haute du monde jusqu'Ershal, la lune à nulle autre pareille...
Et au-délà, plus loin encore, plus loin déjà, celle de l'espace scintillant se fermer comme un dôme stellaire et plonger droit dedans. Le soleil n'est plus alors, pas même un point dans le lointain alors qu'il franchit le Seuil qui sépare la face claire de la face cachée.
Dès lors, il n'est plus que ténèbres et étoiles du firmament. Ces mêmes astres qui alors s'éloignaient, à présent semble de la lune se rapprocher. Tout le mouvement de la lumière s'inverse brusquement et se retrouve comme attiré par la ténébreuse roche. C'est ici qu'il ira se poser, sur cette même roche où ne luit aucune lumière..si ce n'est celle des phares qui cernent la Perle.

(...)