Quartier de Bellevue

par **Myrak** Mar 29 Juin - 18:50

Si Downtown est l’endroit où les riches et les puissants vont travailler et faire la fête, alors Bellevue est celui où ils dorment la nuit, bien planqués dans leur mini-arcologie taillée sur mesure avant d’être réexpédiés sur la ville dans de luxueux véhicules blindés.
« La Belle, » comme l’appellent ses habitants, est située entre les lacs Washington et Sammamish, coincée entre Redmond, Renton et Snohomish. Downtown se trouve de l’autre côté du lac Washington ; Council Island est au milieu. La Belle doit son surnom à la maire de longue date Marilyn Shultz, qui l’a baptisée « la reine de beauté » et la considère comme le lieu de résidence le plus populaire de Seattle. Une variante de ce surnom s’est creusé une place dans la psyché de ses habitants et a récemment été remise au goût du jour par Johnathan Blake durant sa course à la mairie.
Bellevue, tout comme son slogan, est fabriquée de toute pièce. Rien n’y est authentique. Le district est un condensé de tous les clichés tridéo d’une banlieue enclavée fantasmée ; une vision calibrée par Horizon de tout ce qu’on peut trouver de meilleur dans les autres zones de la ville. Cet aspect trompeur s’étend au ravalement ethnique de ce district. Il y a vingt ans, les orks représentaient près de vingt pour cent de la population, mais une longue campagne de discrimination et de bigoterie tolkienesque a redistribué les cartes. L’avènement de l’ère Blake a poussé les choses encore plus loin en déclenchant un afflux de citoyens corpos de classe supérieure et aux revenus conséquents, cherchant à s’installer dans « le » nouveau quartier à la mode.
Et ce quartier, c’est La Belle. Bellevue se vante de ses vertes collines ondulantes, de ses lacs et de ses vues sur Downtown à dix millions de nuyens. La zone est saupoudrée de communautés sécurisées qui ont tout d’arcologies hormis le nom. Plusieurs proposent un dôme et de l’air purifié importé des terres sauvages canadiennes. Ce style de vie revient très cher, et même si vous en avez les moyens, un bon capital social sera nécessaire pour passer dans les premiers de la liste d’attente.
Tous les habitants de Bellevue ne sont pourtant pas des cadres fortunés. Virtuellement toute sa population est corporatiste, pourtant seize pour cent des gens y vivent sous le seuil de pauvreté et la plupart n’ont aucun lien avec les corpos. Il s’agit des ouvriers qui font tourner la ville tout en vivant dans une société complètement isolée de leurs concitoyens de classe plus élevée. Les deux populations ne se croisent que rarement, et quand c’est le cas c’est souvent dans le cadre d’échanges louches, de trafics issus du marché noir ou d’un gosse de riche qui veut se la jouer punk.

par **Myrak** Ven 2 Juil - 13:44

ARES MACROTECHNOLOGY

Bellevue Way SE & Sixteenth Street SE
La structure de marbre rouge et de vitres couleur cuivre qui s’élève depuis les berges du lac Washington est un élément incontournable du paysage de Bellevue. Siège de la branche Pacifique Nord-Ouest d’Ares Macrotechnology, ce complexe de bureaux propose des visites quotidiennes, dont l’exposition « Ares Era », retraçant l’histoire de l’entreprise et de son fondateur, Damien Knight. Les pré-réservations sont recommandées.

BELLEVUE CORRECTIONNAL FACILITY

May Valley Road SE
Plus connu dans le coin sous le sobriquet de « tas de brique », cette prison est dirigée par Lone Star Security Services (branche correctionnelle). L’établissement est spécialisé en « techniques améliorées de réhabilitation », ce qui signifie qu’il s’agit là, en fait, d’un gros labo d’expérimentation de la Lone Star, destiné à trouver de nouvelles façons de transformer des criminels convaincus en citoyens modèles par tous les moyens possibles, jusqu’à tester les dernières techniques de lavage de cerveau et de réécriture de la personnalité. Le comité de libération sur parole est formé de membres de la Lone Star et de personnes désignées par le métroplexe, et il doit certifier toute relâche de prisonniers. Leur charge de travail est allégée par le fait que les rares « success stories » de l’établissement ne durent jamais longtemps.

CLASSIC HOTEL AND CASINOS

8th Street NE & 148th Avenue
L’un des derniers casinos de Bellevue. Chacun des étages suit la thématique d’un des casinos parmi les plus connus de Las Vegas, ainsi recréés et légèrement remaniés : le Flamingo, le Luxor, le Boardwalk, le Klondike, et d’autres. Passer une journée (ou plutôt une nuit, personne n’est dupe) à se promener dans ces casinos équivaut à visiter le Vegas du siècle dernier. Naturellement, l’accès à la Matrice est limité aux chambres de l’hôtel, et les casinos classiques ne com- portent aucun ORA ou autre gadget moderne. Si vous aimez vous asseoir pour jouer avec de vraies cartes en pompant un énorme cigare, c’est un endroit qui vous plaira.

CAVILARD RESEARCH CENTER

1302 118th Avenue SE
Ce centre de recherche discret de Bellevue est un exemple typique de ce genre d’endroit : privé, un terrain cloisonné et un petit campus concentré dans le principal bâtiment de recherche. Il appartenait à MCT avant qu’ils ne le mettent au placard juste après le Crash 2.0. NeoNET le leur a racheté pour en refaire un centre de recherche actif, déménageant certains de ses projets du labo NeoNET de Bellevue à cet endroit. Quels types de projets ? Bonne question, mais NeoNET a augmenté la sécurité sur site et sait bien cacher ses secrets. Il y a sans doute tout un tas de gens qui souhaiteraient un complément d’information à ce sujet.

MAIN PLACE ARCADE

112th Avenue SE & Main Street
Situé au cœur même de Bellevue, la Main Place Arcade préserve l’atmosphère et les valeurs du temps passé. L’endroit a su conserver un esprit communautaire et sert aussi de quartier commercial, hébergeant toute une variété de petits magasins et autres boutiques, de même que des cafés et des restaurants, soit autant d’opportunités offertes de s’assoir pour papoter ou pour regarder les passants.

par **Myrak** Ven 2 Juil - 13:56

Démarrer moteur, passer en mode silence.
Malachi transmit la commande mentale à son véhicule alors qu’il sautait en bas de l’escalier. Le shadowrunner nain glissa dans son Eurocar Westwind bleu nuit et lui ordonna de s’extirper du garage et d’entrer dans la rue résidentielle. Les demeures de cette partie de Bellevue semblaient tout droit sorties d’un mauvais sim. Chaque bâtiment d’un étage était pensé, individuellement et professionnellement, pour comporter un double garage, une baie vitrée, des parterres d’herbe verte et un lit de fleurs bordant la rue. La Westwind dépassa des drones chargés de tondre le gazon à la hauteur précise désignée par le propriétaire, et à arroser les fleurs. Dans la maison que Malachi avait louée avec un faux SIN,il y avait même des drones pour laver la moquette, nettoyer les murs, et faire toute autre tâche que tout snobinard corpo se refuse d’accomplir. Devant, les drones de sécurité vrombissaient calmement mais avec vigilance, évoluant juste en dessous de l’énorme dôme qui couvrait le quartier entier pour filtrer la pluie acide et le nuage de pollution. Malachi pria pour que son faux SIN tienne bon à proximité de la sécurité de NeoNET. La Westwind roulait tranquillement en descendant la rue, gardant ses distances avec la Rover Model 2068 que le rigger suivait.

Malachi surveillait Alexander Rivers depuis maintenant près d’une semaine, et il lui semblait qu’il avait été embauché pour garder l’œil sur l’être humain le plus ennuyeux du monde. Ce soir, à voir son SUV quitter la maison à une heure aussi avancée de la nuit, il pensa que quelque chose d’intéressant risquait bien de se produire. Enfin. Alors que la Westwind passait devant des maisons et des restaurants, le nain pouvait presque palper le contentement pédant que ces gens pouvaient exprimer face à tous ceux qu’ils considéraient comme leur étant inférieurs.. Les habitants de Bellevue menaient des vies restreintes de cols blancs, se tuant à la tâche pendant d’innombrables heures pour contenter leur maître corpo, et pouvoir s’acheter les derniers gadgets surfaits et autres puces excessivement chères, que ce soit pour eux, pour leurs compagnons qui mourraient d’ennui, ou pour leurs morveux.
Les deux véhicules franchirent le portail sécurisé et entrèrent dans le quartier d’affaires impeccable de Bellevue. Les gratte-ciel s’élevaient en une jungle d’arbres centenaires faits de verre et d’acier. Bien avant d’avoir le temps de les désactiver, Malachi fut bombardé de publicités RA décrivant les merveilles des produits high-tech que ces entreprises développaient. Deux tours d’argent dominaient l’horizon, le logo de NeoNET qu’elles arboraient les faisait briller comme des néons dans la nuit. Une bannière RA toute aussi scintillante déclarait avec fierté : LA MATRICE A UN AVENIR : NEONET.

Demandant une carte RA, Malachi suivait le SUV alors que ce dernier approchait de la limite de Bellevue et des Barrens de Redmond. Par sa vitre, le nain voyait des costards en esclavage entrer dans l’un de ces « clubs pour gentlemen », où les maris fuyaient leur femme et évacuaient leur stress dans les furtives activités qui se pratiquaient dans les back-rooms privées. Quand son regard se porta de nouveau sur sa cible, l’autonav de la Westwind lui indiqua qu’ils venaient de franchir la frontière, et d’entrer dans Redmond.

Le contraste était saisissant. Les rues proprettes et les immeubles scintillants firent place aux ruines croulantes d’une décharge urbaine oubliée. En quelques kilomètres seulement, la ville était passée d’une vitalité toute confortable à un pur déni d’humanité. Le but de la visite de Rivers à Redmond devint plus clair quand il s’arrêta pour consulter le « menu » d’un mac ork aux habits flamboyant. Après avoir fait son choix, Rivers ramassa sa « commande », sous la forme d’une fille de joie, comme s’il s’agissait d’un achat à emporter dans un drive pour tordus.
« Elle est sûrement mineure, espèce de malade... » Le nain se tut alors qu’il prenait quelque clichés avec l’appareil photo de son cyberœil. Guidé par son sens du service, et sans le désirer nullement, le rigger suivit le SUV jusqu’à une impasse toute proche, où il shoota aussi des images de l’aventure qui s’y jouait. Ayant eu ce pour quoi il était venu, Malachi activa son commlink et passa un appel. Le nain roula mentalement des yeux. Son employeur aurait pu être à lui seul une affiche publicitaire pour Bellevue : un costume corporatiste, un sourire arrogant, un corps propre et une âme viciée.

«Malachi, mon ange fouineur personnel. Je suppose que tu as quelque chose pour moi ? » Le ton du corporatiste collait à son look.
« J’ai des images de votre M. Rivers se livrant à des activités récréatives des plus douteuses. Je pense en avoir assez pour que vous puissiez les utiliser à bon escient. »
« Excellent. »
« Avant de les envoyer, je voudrais savoir pourquoi j’ai passé une semaine entière juste pour choper un zombie corpo en train de tirer son coup. »
« C’est simple. Ce raté ne mérite pas sa promotion. Moi, oui ! », cracha le corpo.
Malachi secoua la tête en confirmant le transfert de données. Son employeur n’était qu’une pute corpo prête à baiser un collègue pour le dépasser. Rien d’autre.

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